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Une bonne récolte annoncée en Afrique de l’Ouest - l'action reste urgente

Une bonne récolte annoncée en Afrique de l’Ouest - l'action reste urgente

Du 12/09/18 au 14/09/18 - Lomé, Togo

Concertation du Dispositif régional de prévention et de gestion des crises alimentaires (PREGEC)

Les experts de la sécurité alimentaire se sont réunis du 12 au 14 septembre à Lomé pour analyser la campagne agropastorale en cours et les prévisions pour les récoltes de 2018-19 au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Ils ont formulé quelques recommendations pour les gouvernements, le CILSS et les partenaires. La prochaine réunion du PREGEC est prévue fin novembre 2018 à Abidjan, Côte d’Ivoire.

Avis sur les perspectives agricoles et alimentaires

Perspectives agricoles et alimentaires

À l’exception des zones centrales et occidentales du Sahel, les perspectives agricoles et alimentaires sont globalement moyennes à bonnes. L’installation de la saison pluvieuse a été précoce au centre et à l’est mais tardive à l’ouest du Sahel notamment au Cabo Verde, en Mauritanie et au Sénégal. Les cumuls de pluies enregistrés depuis le début de la saison jusqu’au 31 août 2018, sont ainsi globalement supérieurs à la normale. Sans attaques sévères des ravageurs ou autres chocs imprévus, les productions de céréales attendues pourraient se situer entre 66 et 73 millions de tonnes. Cela correspondrait à une augmentation de 10 à 20 % comparé à la moyenne quinquennale, ce qui est bien plus rapide que la croissance moyenne de la population. L’approvisionnement en fourrage pour le bétail reste préoccupant dans le nord du Sénégal, de la Mauritanie, du centre du Mali et à l’ouest du Niger.

Situation alimentaire et nutritionnelle

Malgré diverses interventions apportant une aide alimentaire, les taux de malnutrition aigüe globale sont au-dessus du seuil des 10-15 % dans certaines zones du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad. L’insécurité civile qui sévit dans certaines zones (bassin du lac Tchad, nord et centre du Mali et boucle du Liptako-Gourma) reste la principale menace à la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans la région. Les acteurs de la sécurité alimentaire mènent actuellement des missions conjointes pour évaluer la situation alimentaire et nutritionnelle. Quatre pays – la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Libéria et la Sierra Leone – n’ont pas pu conduire leur enquête permanente agricole par manque de financement. Tous les pays de la région participent néanmoins cette année au cycle de l’analyse du Cadre harmonisé visant à identifier les zones vulnérables et préparer des réponses.

Recommandations

À l’endroit des pays :

  • Valoriser l’eau disponible à travers la promotion des cultures irriguées de contre saison et de décrue (riz, maïs, blé et produits maraichers) ;
  • Promouvoir une meilleure coordination de la lutte contre la chenille légionnaire à travers la création et l’opérationnalisation de Task forces nationales ;
  • Poursuivre le renforcement des capacités en matière de gestion de la chenille (techniciens, vulgarisateurs, producteurs, etc.)
  • Élaborer un plan national de recherche et capitaliser les bonnes pratiques en matière de surveillance et de lutte contre la chenille et le criquet pèlerin ;
  • Conduire des tests d’efficacité biologique des pesticides et promouvoir l’homologation des pesticides dont l’efficacité est éprouvée sur la chenille légionnaire ;
  • Maintenir la veille informationnelle dans les zones à risque de déficit fourrager ;
  • Poursuivre les actions d’assistance en faveur des agro-pasteurs et les pasteurs pour réduire les risques d’aggravation de leur situation dans ces zones ;
  • Engager des actions vigoureuses de lutte conte la malnutrition dans les zones où les prévalences de la MAG demeurent au-dessus du seuil critique de 15% notamment au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie, au Niger, au Sénégal et au Tchad ;
  • Assurer le financement des dispositifs nationaux d’information sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans leurs opérations de collecte des données nécessaires aux analyses avec le Cadre harmonisé.

À l’endroit du CILSS :

  • Poursuivre le renforcement des capacités des experts nationaux à l’utilisation des outils de suivi de la campagne développés au niveau du Centre Régional AGRHYMET (suivi des pluies, des cultures et de la végétation, estimation des rendements et de la biomasse, etc.) ;
  • Accélérer en collaboration avec les autres OIG (CEDEAO et UEMOA) la mise en œuvre rapide du plan régional de lutte contre la chenille légionnaire ;
  • Renforcer les actions de plaidoyer en faveur de la mobilisation des ressources pour la gestion du fléau de la chenille légionnaire ;
  • Accompagner les pays dans l’homologation des pesticides dont l’efficacité est éprouvée sur la chenille légionnaire.

À l’endroit des partenaires :

  • Poursuivre et renforcer l’accompagnement des pays et le CILSS dans la mise en place et le fonctionnement des instruments de prévention et de gestion des crises,  notamment les dispositifs d’enquête permanente agricole (EPA), les systèmes d’alerte précoce (SAP), les groupes de travail pluridisciplinaire (GTP), les systèmes d’informations agricoles et à bétail (SIMA et SIMB) ;
  • Appuyer la Task-force régionale et les pays dans la lutte contre la chenille légionnaire ;
  • Appuyer les pays et le CILSS dans la mise en œuvre du plan de renforcement des capacités sur l’outil Cadre harmonisé.