Des cantines scolaires gérées et approvisionnées par les organisations locales
Au Mali, le PAM travaille à améliorer, maintenir ou créer des repas dans les cantines scolaires à travers l’implication et le développement des organisations locales agricoles. Toute la communauté est alors concernée par cette collaboration. Au plan local et régional, l’approvisionnement de la cantine en vivres locaux entre dans la stratégie de réduction de la pauvreté et dans la gestion des crises alimentaires et nutritionnelles. En effet, la capacité de production des populations doit être soutenue pour produire plus et ainsi alimenter régulièrement la cantine et assurer des revenus aux producteurs.
Contexte
Au Mali, l’alimentation en milieu scolaire est peu étendue et 19,8 % des écoles sont assistées, malgré la présence de plusieurs intervenants (État, Banque Mondiale, PAM et certaines ONG locales et internationales).
Un constat est alors apparu très vite : d’un côté, les petits producteurs locaux ne parviennent pas à écouler leur production ; d’un autre, les cantines scolaires ne proposent pas de repas nutritionnels et réguliers aux enfants. Pourtant, un bon repas quotidien permet aux enfants d’être plus concentrés et assidus, donc de mieux réussir et ainsi d’envisager un meilleur avenir. De plus, l’alimentation est un droit fondamental. Les repas scolaires jouent un rôle de filet de sécurité sociale, les ménages les plus pauvres ne pouvant pas assurer seuls une bonne alimentation pour tous les membres de la famille.
Impacts
Les cantines permettent d’utiliser les productions locales et d’assurer une sécurité alimentaire en cas de crise ou de catastrophe, grâce au stockage des denrées. Écouler les productions locales ou régionales auprès des cantines scolaires locales permet à toute la communauté d’être impliquée, notamment les personnes vulnérables. Elles permettent également de diffuser les connaissances à travers un groupe de femmes, ce qui renforce leur rôle économique et de prévention contre les pénuries alimentaires. Au-delà des producteurs, la communauté bénéficie de retombées en termes d’emplois directs (cantinières…) ou indirects (élevage, moulin…). Il est également plus facile de repérer les personnes vulnérables et ainsi de renforcer leur protection en cas de catastrophe. De plus, faire appel à une association de femmes pour transmettre les bonnes pratiques entre écoles et organisations de producteurs renforce leur rôle dans l’économie et dans la prévention des crises alimentaires.
Mais, ce sont surtout les enfants qui sont les grands gagnants : dans les écoles ayant une cantine, le taux de scolarisation est plus élevé, la disparité entre filles et garçons est réduite, la malnutrition en fonction du genre recule. Les repas scolaires contribuent à améliorer les différents indicateurs éducatifs dans les zones où les taux sont faibles. Un repas quotidien permet aux enfants de se concentrer sur leurs études, il aide à accroitre le taux de scolarisation et de fréquentation, à faire progresser le taux de passage dans la classe supérieure et à améliorer les capacités cognitives
Facteurs de succès
La réussite de la mise en place d’une cantine scolaire repose sur le lien entre les petits producteurs et les écoles disposant d’une cantine. Il faut instaurer une bonne coordination entre les intervenants. Il faut mobiliser les populations bénéficiaires dès le début du projet d’ouverture de la cantine, qu’elles soient demandeuses d’une cantine, et qu’elles s’impliquent ensuite dans sa gestion quotidienne et à long terme. Elles doivent donc être formées et préparées à assurer un bon fonctionnement de la cantine. Elles doivent comprendre les bénéfices que les enfants et la communauté pourront en retirer. Ensuite, les collectivités territoriales doivent, elles aussi, s’impliquer à travers des comités de gestion et être responsabilisées.
Défis
Il faut promouvoir les achats locaux par les comités de gestion scolaire (CGS) pour aider l’économie rurale et locale. La difficulté réside dans la mise en relation des différents acteurs de la chaîne agricole et les écoles. Les collectivités territoriales doivent être considérées comme des parties prenantes. Tous doivent comprendre l’intérêt et les bénéfices qu’apporte la présence d’une cantine scolaire bien gérée. Ainsi, l’éducation nutritionnelle et les pratiques essentielles pour prévenir la malnutrition doivent être prises en compte dans les activités de la cantine scolaire.
Les productions locales, si elles sont bien gérées, doivent être vues comme un moyen de lutter contre la malnutrition et la pauvreté.
Au niveau de la durabilité, ces facteurs dépendent de la formation des producteurs et des personnes bénéficiaires, de leur implication, d’un soutien financier et d’un bon équipement pour être pérennes et fonctionner de manière fluide et régulière. Les cantines existantes sont assistées par l’État, les PTF et d’autres partenaires. Elles sont précaires et disparaîtront dès que l’assistance cessera. Il s’avère impératif de créer un cadre de référence unique permettant de prendre en charge l’ensemble des problèmes relatifs à l’alimentation scolaire, d’où la nécessité d’un document de politique nationale.
Mise à l'échelle
L’expérimentation des cantines scolaires intégrées à la vie de la communauté concerne notamment les zones d’insécurité alimentaire. Elle s’inscrit dans un cadre de décentralisation. Les cantines expérimentales se trouvent notamment dans le nord du Mali. Si cette expérimentation s’avère réussie, les cantines seront étendues à d’autres structures de l’éducation (préscolaires, spéciales…).
À terme, le PAM souhaite étendre le modèle d’alimentation scolaire des femmes de l’association Sabati à d’autres régions du Mali en leur proposant de partager leurs connaissances avec d’autres organisations de producteurs.
Organisation/s
PAM, OPAM, OMA, Association Sabati des Femmes de Zantièbougou
Pays
- Mali
Thèmes
- Affaires sociales et protection sociale
- Agriculture & chaînes de valeurs
- Éducation
- Jeunesse
- Acteurs locaux & moyens d'existence
- Nutrition
- Sécurité alimentaire
Cibles
- Agriculteurs vulnérables
- Jeunes
- Travailleurs pauvres de l’économie informelle
Piliers AGIR
- Pilier 3 : Améliorer durablement la productivité agricole et alimentaire et les revenus des plus vulnérables et leur accès aux aliments
Échelles
- Locale
Objectifs de développement durable



