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Crise alimentaire et nutritionnelle 2022

Crise alimentaire et nutritionnelle 2022

La région du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest fait face à une nouvelle crise alimentaire et nutritionnelle majeure. Environ 38.3 millions de personnes seront sous pression (phase 3-5) pour la période de juin-août 2022 si des mesures ne sont pas prises. Face à cette troisième année consécutive de crise alimentaire et nutritionnelle, La Cellule technique du Réseau mise en place par le CILSS et le Secrétariat du Club continue à œuvrer afin de : i) faciliter le partage d’information ; ii) favoriser une réponse rapide et de manière coordonnée face à l’urgence alimentaire et ; iii) susciter plus d’engagement politique en faveur d’alternatives durables face à la récurrence des crises et aux besoins croissants d’assistance alimentaire.

Crises alimentaires et nutritionnelles dans les régions du Sahel et du Lac Tchad : agir maintenant et mieux se mobiliser à l’avenir en Afrique de l'Ouest

 

Face aux crises alimentaires et nutritionnelles auxquelles font face les pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, les parties prenantes se mobilisent ensemble afin d’apporter des réponses durables. Cette consultation de haut niveau est co-organisée par le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, l’Union européenne et le Réseau mondial contre les crises alimentaires.

Objectifs:

  • Mobiliser une aide d’urgence alimentaire et nutritionnelle au profit des populations les plus menacées pour les pays du Sahel et du bassin du lac Tchad (Burkina Faso, Cameroun, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria et Tchad), qui concentrent 92% des personnes en proie à la crise alimentaire et nutritionnelle
  • Renouveler un engagement politique fort en faveur de politiques structurelles à mettre en œuvre pour répondre les causes sous-jacentes aux crises alimentaires et nutritionnelles et intégrer les dimensions humanitaires, développement et paix.

DOCUMENTS CLÉS

 

Annonces politiques et financières

Union Européenne, S.E.M. Josep Borel Fontelles

Autriche, S.E.M. Peter Launssky-Tieffenthal

 

Espagne, S.E.M. José Manuel Albares

 

France, S.E.M.  Yves Le Drian

 

Slovénie, S.E.M Stanislav Raščan

 

 

Situation alimentaire

Pour la troisième année consécutive, les analyses du Cadre Harmonisé (CH) prévoient une crise alimentaire et nutritionnelle importante en 2022 dans la région du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest. Environ 27.3 millions de personnes ont besoin d’assistance alimentaire en urgence ; ce chiffre pourrait atteindre 38.3 millions de personnes si des mesures ne sont pas prises.

 

Situation pastorale

Le pastoralisme est marqué par une crise pastorale exacerbée par la crise sécuritaire au Sahel. Touchés par la pandémie de covid-19 et de la crise sécuritaire dans la région, le pastoralisme et surtout les éleveurs se retrouvent victimes et acteurs. Perte de bétail, stigmatisation sociale, perte en vies humaines et enrôlement forcé de certains jeunes éleveurs dans les groupes terroristes, sont des conséquences qui « assombrissent le futur des jeunes éleveurs au Sahel et en Afrique l’Ouest ». Plusieurs organisations pastorales telles que le RBM et l’APESS recommandent aux États d’accompagner la reconversion des jeunes éleveurs (qui le souhaitent) en s’appuyant sur des opportunités professionnelles offertes par l’économie agropastorale et d’autres secteurs informels. Ils encouragent également les États à prendre en compte la voix des éleveurs dans la prise de décisions sur les politiques publiques, en renforçant leur citoyenneté et leur donnant des moyens de recours (par voies légales) en cas de litiges/ conflits.

Prix des céréales

La production céréalière de la campagne agropastorale, évaluée à 73 millions de tonnes, est en hausse de 2.7% par rapport à la moyenne des cinq dernières campagnes, mais en baisse de – 2.2% comparée à celle de l’année passée. Par rapport à 2021, la production des pays sahéliens est en baisse de – 11%. Les pays les plus touchés sont le Niger (- 39%), le Mali (- 15%), le Burkina Faso (- 10%) et surtout le Cabo Verde qui, pour la cinquième année consécutive, n’a enregistré aucune production significative. La production de tubercules et de racines, estimée à 203.8 millions de tonnes, est en hausse de 11% par rapport à la moyenne quinquennale et de 5.4% à celle de l’année dernière. En comparaison de la moyenne des cinq dernières années, le soja (1.97 million de tonnes), le niébé (3.2 millions tonnes) et l’arachide (10.6 millions de tonnes), enregistrent des hausses respectives de 31.8%, 15.8% et de 9.8%. Les marchés sont bien approvisionnés mais la hausse des prix des denrées alimentaires se poursuit et s’accentue; elle est supérieure de 50% à la moyenne quinquennale dans certains pays (Burkina Faso, Liberia, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria et Sierra Leone). Ces flambées de prix sont nourries par l’inflation économique dans certains pays du Golfe de Guinée, les baisses de production de la campagne 2021-22, la crise sécuritaire, la flambée des cours mondiaux de produits agricoles, mais aussi par la persistance des entraves au commerce régional (interdiction d’exportation de produits vivriers prise par certains gouvernements, tracasseries routières et taxations illicites…). Le conflit en Ukraine est un facteur supplémentaire d’accentuation de ces hausses.